Malgré les nombreux efforts consentis pour la propreté de la ville de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, l’insalubrité semble opposer une peau dure. Des tas d’immondices apparaissent à chaque coin de rue dans la plupart des quartiers de la ville. Les établissements scolaires sont de plus en plus gagnés par le manque de propreté. La salubrité, une matière éducative, semble être absente dans le curricula de formation des établissements scolaires. L’insalubrité règne et le spectacle est pestilentiel. Constat.
Des déchets plastiques çà et là, défécation à l’air libre, des toilettes impraticables, c’est le constat fait ce samedi 16 novembre 2019 au lycée Philippe Zinda Kaboré, l’un des plus grands établissements scolaires du Burkina Faso.
Le long du mur Est du lycée semble être devenu l’habitat privilégié de sachets plastiques, papiers et de débris de nourriture en putréfaction. Ces déchets vont souvent tutoyer les portes des salles de classe et cela ne semble gêner personne. C’est rocambolesque, une poubelle presque vide à la porte d’une salle de classe, mais des sachets plastiques jonchent autour. D’ailleurs, à quelques pas, un dépotoir sauvage d’ordures. Haro !!

Le comble, les toilettes sont quasi impraticables. Tristement célèbres grâce à leurs odeurs nauséabondes. Les excréments et l’urine vous souhaitent la bienvenue dès l’ouverture de la porte. Conséquence,certains élèves, poussés par l’envie pressante de se soulager, défèquent, à cœur joie, ou peut-être pas, dans la cour.

À des milliers de mètres de là, au lycée Bogodogo, la vue n’est pas plus reluisante. Comme dans le précédent établissement, il semble que certains élèves ont du mal à quitter les habitudes de la vie à l’état sauvage. Un élève est surpris là, en pleine séance « pipi » à côté du mur. Un comportement réfractaire à l’hygiène.

Mais ici, ce ne sont pas les toilettes qui sont répulsives. Elles sont même relativement plus propres. De l’eau pour se laver les mains, est même proposée dans des bouilloires aux usagers de ces lieux.

Par contre la propreté de la cour laisse à désirer. C’est à croire que le défi ici est « qui se moque le plus de l’insalubrité ». Le bac à ordures est plein et personne n’est là pour la vider. Le vent ramène les sachets plastiques et autres détritus dans la cour. Tout le monde observe passivement ce mal qui semble être aujourd’hui quelque chose de normal. « Depuis le début de l’année, une seule journée de salubrité et les ordures ont été enlevé qu’une seule fois aussi » affirme un élève.

Dans de pareilles situations, enseignants et élèves peuvent s’accuser mutuellement. Mais ce serait une perte de temps, chaque camp trouvant des arguments pour faire porter le chapeau à l’autre. La question ici, c’est que faire ?
Certains établissements de la place ont trouvé la formule pour stimuler l’engagement écolo chez les élèves. Axiale, ancienne élève du collège Notre Dame de Kolghnaba nous apprends l’existence d’un club de civisme dans cet établissement. Les tâches de nettoyage sont reparties par classe. Et des mesures dissuasives étaient prévues contre les potentiels contrevenants, continue-t-elle. Enfin, un prix de l’élève le plus civique, convoité par tous, était donné chaque année, termine-t-elle.
La propreté est un élément essentiel à enseigner dans les établissements scolaires. C’est le début de la discipline et de la rigueur, deux valeurs clés dans la vie de l’apprenant. Les élèves sont « l’élite de demain » comme le burkinabè lambda aime bien les appeler. Ils doivent donc apprendre tôt à être propres autours d’eux. C’est un luxe qui ne coûte rien.
Harouna DRABO